Trends & Innovations

Que nous prépare le gin dans les mois à venir ? Imbibe a exploré le sujet et nous donne quelques pistes : des bases alcools plus originales (ie. distillées à partir de lait fermenté ou marc de raisin par exemple), une croissance des gins vieillis en barriques, un développement accru de formes plus anciennes telles que les genevers, ou simplement toujours plus de couleurs.

En parlant de ça justement, arrêtez avec le rose car « orange is the new pink » désormais ! On a d’ailleurs pu observer ces derniers temps déjà quelques déclinaisons de gins de couleur orange, comme chez Beefeater, Tanqueray ou encore Adnams.

Gin bouchonné ? La marque portugaise Ginout a annoncé le lancement d’un gin « vieilli à l’envers », ou plus précisemment dans un fût de Porto d’abord, puis infusé avec des bouchons en liège (!) ainsi que des épices et plantes aromatiques.

Dans un autre registre, Benjamin Kuentz propose une innovation non moins originale et intriguante : un whisky vieilli sous la mer, ou autrement dit, un « Uisce de profundis ». Plus exactement, le maître assembleur a plongé à 20 mètres de profondeur, en mer d’Iroise dans le Finistère, des fûts issus de la distillerie Warenghem. Initiée en 2018, cette expérience est désormais disponible. Pour y goûter, il faudra tout de même débourser 390€. Pour plus de détails sur le projet, vous pouvez consulter le papier de Whisky Mag paru début novembre, ainsi que la page du financement participatif de cette initiative.

Uisce de Profundis par Benjamin Kuentz

Gala

Pas forcément innovant, il est tout de même un trend qui lui ne ralenti pas, c’est celui des collaborations entre métalleux et spiritueux. Après GWAR la semaine dernière, c’est au tour des groupes Anthrax et Motörhead de dévoiler leurs derniers whiskeys. Le rye « Evil Twin II » pour le premier et le bourbon « Ace of Spades » pour le second, tous deux produits par Hillrock Distillery (Hudson Valley, New York).

Pour aller plus loin, Fred Minnick explique d’ailleurs dans son dernier podcast quelle musique s’accorde avec quel whiskey (ou si l’on détourne le sujet : quel whisky offrir selon les goûts musicaux de la personne).

Gordon Ramsay lance pour sa part lui aussi sa hard seltzer, la bien nommée : Hell’s Hard Seltzer. Vivement que Philippe Etchebest lui emboîte le pas… (ou pas).

Hell’s Seltzer par Gordon Ramsay

Big Data

Pour rester dans le registre people, mais à une autre échelle, la tequila Teremana de l’acteur Dwayne Johnson (aka The Rock) pulvérise tous les records. Elle aurait en effet écoulé 300 000 caisses de 9L (12 bouteilles) depuis 9 mois et viserait donc les 400 000 sur sa première année de distribution (soit plus du double des ventes de Casamigos, la tequila de George Clooney, à son lancement). Pour un projet annoncé comme « small batch », il y a de quoi se poser des questions tout de même. Tout The Rock qu’il soit, et avec une perspective de 4,8 millions de bouteilles vendues sur 12 mois, on ne peut que noter la toute relativité dans notre industrie de l’utilisation de termes tels que « fait main » ou « en petits lots ».

Teremana, la tequila de Dwayne Johnson / The Rock

A titre de comparaison : Cantarelle (Cap Wine & Spirits) a également partagé quelques chiffres ces derniers jours : la marque qui propose deux déclinaisons de son Gin de Provence a été adoptée dans plus de 100 établissements CHR, pour une présence dans plus de 10 pays, et plus de 15 000 bouteilles vendues en 2020, malgré le contexte que l’on connaît. Et de son côté, Distillerie du Vercors évoque dans Les Echos une production d’environ 10 000 bouteilles de son whisky. Du coup, sur une échelle de The Rock, il faut dire « nano batch » maintenant ? 😉

Avec tout ça, 2020 ne sera pas peut-être pas une année aussi terrible que prévue niveau business. L’IWSR (International Wines and Spirits Record) a en effet étudié 19 pays (dont la France) et estime la tendance à la baisse de la consommation des spiritueux à « seulement » 8% cette année, après avoir initialement prévu un délin à 2 chiffres. Aux USA et au Canada, les volumes de ventes ont même augmenté de plus de 2%, et le développement de l’ecommerce n’y est certainement pas pour rien, avec ici une croissance prévue de sa valeur de plus de 40%, y compris dans l’Hexagone. Sans oublier l’essor de la catégorie Ready-To-Drink (RTD). Ceci étant, tout cela se sera évidemment fait au détriment des ventes dans le CHR. La reprise risque donc malgré tout d’être lente, avec un retour aux chiffres de 2019 prévu d’ici 2024, même si les annonces récentes de vaccins pourraient accélerer les choses. A suivre.

D’ici là, et alors qu’il n’y a encore aucune certitude de la réouverture des bars et restaurants fin janvier en France, quelques chiffres font froid dans le dos côté américain . La National Restaurant Association estime en effet à 110 000 le nombre de restaurants fermés définitivement au Etats-Unis depuis le début de la pandémie, soit 1 établissement sur 6. Plus parlant encore : pour la majorité d’entre eux, il ne s’agit pas de fermetures de jeunes affaires comme on pourrait le croire. En réalité, ces restaurants étaient ouverts depuis 16 ans en moyenne, et certains même depuis plus de 30 ans (16% d’entre eux).

Côté produit, malgré cette actualité morose ou encore le Brexit, l’Irish Whiskey Association (IWA) a annoncé que les ventes aux US de whisky irlandais pourraient dépasser celles du Scotch dans la décénie à venir. En effet, à l’instar de la France, l’Irlande voit un nombre croissant de distilleries se développer sur son territoire, grignotant ainsi de plus en plus de parts de marchés à ses voisins écossais. Ainsi, alors qu’elle n’en comptait que 4 en 2010, l’île en repertorie désormais pas moins de 38. Autant dire que ça n’est pas demain que Conor McGregor (Proper No. Twelve) arrêtera sa marche du millionaire 😉

Women of Whisky

Pour faire écho à la campagne Glenfiddich évoquée la semaine dernière, Distil Ventures accueillait pour sa part en streaming un Women of Whisky Summit avec, autour de Heidi Dillon Otto et la journaliste Becky Paskin, les panélistes suivantes : Ashley Frey (Frey Ranch Estate Distillery, USA), Hil Ying Tse (Whiskies & More, Hong Kong), Julie Bramham (Johnnie Walker, UK), Laura Davies (Penderyn Distillery, Pays de Galles) et Kristy Lark-Booth (Killara Distillery, Australie). Master of Malt revient plus en détails sur cet échange de 90 minutes où l’on perçoit plus clairement les biais conscients ou non auxquels ces professionnelles peuvent faire face. Entre autres exemples : les prendre spontanément pour des commerciales ou assistantes plutôt que dirigeantes ou productrices, saluer et parler à leurs collègues hommes en premier lors de RDV, les reléguer au statut de femme du fondateur plutôt que co-fondatrices dans les articles de presse, un marketing centré sur les hommes, et d’autres. A méditer donc. Et sur une note plus positives, l’échange a également permis d’évoquer l’évolution de la situation et des solutions pour faire face à tout cela.

Bon à savoir

Straw Bale (Vacquiers, près de Toulouse) a lancé son Rye, composé de 70% de seigle et 30% d’orge malté. Le tout en bio, à l’instar des autres productions de Gilles Victors. Si le produit est déjà épuisé, il n’en est pas moins l’occasion pour moi d’évoquer une légère frustration légale : contrairement à ce que La Depeche peut maladroitement suggérer, ce Rye n’est malheureusement pas officiellement un whisky. Avec ses deux ans de vieillissement, il n’atteint pas les 3 ans d’âge minimum requis par la législation européènne pour s’appeler « whisky ». Si cette nouvelle est probablement une excellente chose pour des lobbyistes écossais, pour ma part je le regrette un peu. Car là où le bât blesse, c’est que si Straw Bale (avec deux « a ») était basée aux Etats Unis, non seulement son produit pourrait s’afficher comme un vrai whiskey, il pourrait même écrire « straight rye whiskey » sur son étiquette. En effet, si la règlementation y exige un vieillissement en fûts de chênes, il n’existe en revanche pas de durée minimum légale (en dehors des deux années de vieillissement minimum pour la mention « straight »). Est-ce mieux ou pas ? Equitable entre les marchés ? Le débat est ouvert…

Sinon, si toujours perdu entre ce qui différencie un bourbon d’un rye whiskey, Chris Morris, master distiller de Woodford Reserve, nous re-explique tout ça en 2 minutes chrono.

Chris Morris (Woodford Reserve)

Compétitions

The Bartenders Society 2020 (Saint James / Caraibos) tenait sa finale le 1er décembre dernier. C’est Luc Degroux (Joker Bar à Lille) qui a remporté cette 5e édition lors d’une cérémonie digitale qui réunissait les 10 finalistes français.

De son côté, après une année blanche due au coronavirus, Diageo a annoncé la ville où se tiendra la finale 2021 de ses World Class. Sidney, où l’évènement aurait dû se tenir cette année, ne sera pas la ville hôte de cette nouvelle édition. C’est à la place Madrid qui accueillera les qualifiés, et ce du 5 au 8 juillet prochain. Concernant le format exact pour y parvenir (ie. en réel ou en virtuel notamment) et pouvoir prétendre à la succéssion de Bannie Kang (vainqueur 2019), les décisions devraient être prises en tout début d’année.

Green Label

Après l’annonce de l’arrivée prochaine de bouteilles en papier, Johnnie Walker poursuit ses démarches environnementales en annonçant aussi un programme visant à planter 1 million d’arbres à travers l’Ecosse d’ici 2025 afin de réduire son empreinte carbone. A date, 389 000 arbres ont d’ores et déjà été plantés.

Shopping

Comme il est de coutume en cette fin d’année, Vinepair aussi y est allé de son Top 50 des meilleurs spiritueux 2020. Si ça peut vous inspirer 🙂

Sinon, quelques produits qui ont également attiré mon attention ces dernières semaines :

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